La Coupe de Monde au Qatar, c’est 160 milliards de dollars d’investissements, les créations d’hôtels, des réseaux ferrés, 9 stades nouvelle génération construits pour l’évènement. Et 44 ouvriers décédés.
Des morts, qui viennent tristement entacher le rêve que voulait vendre le Qatar à tous les fans de football. Pour l’occasion, stades climatisés, certains construits sur une péninsule artificielle dans le Golfe, d’autres en forme de diamant pour scintiller la nuit. Le rêve. Un paradis sur terre, qui avait convaincu la FIFA, délégation qui nomme le pays hôte du plus grand évènement sportif au monde avec les Jeux Olympiques, ces manifestations gigantesques qui ont lieu tous les quatre ans. Il y a quelques réticences tout de même puisque aucun stade n’était à ce jour bâti. Mais le Qatar sait y faire dans l’art de convaincre car il a su bénéficier d’un ambassadeur de poids en la personne de Zinedine Zidane considéré comme l’un des plus grands footballeurs de l’histoire. « Je soutiens la candidature du Qatar », a affirmé le champion du monde 1998. Six mots qui ont rapporté à Zidane la modique somme de 11 millions d’euros. Le pays sait se montrer généreux.
Dès sa désignation, la principauté arabe a démarré ses chantiers, et il faut aller vite. Mais un an à peine après le lancement des constructions, le pays a vu mourir 44 de ses ouvriers népalais, sous sa chaleur étouffante. L’association Human Rights Watch qui défend les droits de l’Homme, avait pourtant déjà lancé un signal d’alerte à la FIFA en 2012. C’était dans un rapport dénonçant les méthodes calomnieuses du Qatar à propos de « leur système de recrutement et d’emploi, véritable source d’exploitation de ses salariés étrangers » selon le site de l’hebdomadaire Marianne. Les ouvriers sont privés de leur passeport, contraints à des contrôles abusifs, sans oublier les conditions difficiles de sécurité et de travail dues aux conditions météorologiques avec des chaleurs extrêmes et des salaires indignes du travail accompli par les salariés.
Dans The Guardian, le directeur de l’association internationale contre l’esclavagisme, Aidan Mac Quade affirme qu’une enquête « prouve clairement l’existence systématique d’un travail forcé au Qatar ». Elle montre également que 90% sont des travailleurs immigrés, et le pays organisateur souhaite recruter 1,5 millions d’ouvriers car le chantier nécessitera de la main d’œuvre.
Ce même journal a recueilli le témoignage de l’un des travailleurs du grand chantier qatari qui a tant fait polémique. Ram Kumar Mahara, 27 ans, raconte qu’il est resté plus de 24 heures le ventre vide : « Quand je me suis plaint, mon chef m’a chassé du camp de travail. J’ai dû mendier la nourriture des autres travailleurs parce qu’il refusait de me payer. »
Le scandale a pris une nouvelle ampleur avec d’autres révélations quand certaines voix se sont élevées ces derniers jours. A commencer par Abdeslam Ouaddou, footballeur parti tenter l’aventure dans le championnat qatari. A l’antenne de France Télévisions, le sportif a dénoncé des méthodes qualifiées d’« esclavage moderne ». Pire, d’après lui, près de 400 morts, principalement causées par des insuffisances cardiaques, sont à déplorer chaque année sur les chantiers. Indigné, Abdeslam Ouaddou milite pour que cette grande fête mondiale et sportive soit attribuée à un autre pays « plus respectueux des Droits de l’Homme et des Droits de la Femme ».
Par l’intermédiaire de son président, Sepp Blatter, la FIFA n’a pas souhaitée réagir à ce scandale qui secoue la planète football, avant la fin de la Coupe du Monde 2014 au Brésil. Son président a simplement affirmé que le Mondial 2022 se jouera bel et bien au Qatar, avant de rajouter que l’organisation des travaux des nouveaux stades « ne sont pas de la responsabilité de la FIFA ».
Les hauts dirigeants du Qatar, eux, ne se soucient pas vraiment de toutes les polémiques qui touchent leur pays. Leur unique objectif est de préparer, en temps et en heure, le grand spectacle de football sans prêter attention à l’envers du décor. La fin justifie sans doute les moyens.